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Parlement, certains arrangements ou aménagements que vous connaissez, détaxes ou autres, qui pourront leur permettre de maintenir en tous cas l’exportation actuelle.

Je fais d’ailleurs remarquer qu’il n’y a pas en France, sauf le tourisme, d’industrie uniquement exportatrice, que toutes nos industries produisent pour le marché intérieur comme pour le marché extérieur, et que si nous arrivons, par le réveil de la prospérité générale, à abaisser le prix de revient unitaire, cela vaudra pour les marchandises exportées comme pour les marchandises absorbées par la consommation nationale.

Je sais fort bien, en revanche, que tout cela sera difficile et coûtera beaucoup d’efforts. Mais, messieurs, faut-il vraiment conclure, après un débat comme celui-ci, que toute réforme sociale, que toute réforme améliorant la condition ouvrière, que toute réforme accroissant la capacité d’achat et de consommation des travailleurs, doit nécessairement produire sur la production et sur l’économie du pays des répercussions telles que le bienfait apparent se traduira en désastre ?

Faut-il en conclure qu’à l’intérieur du système actuel de la production aucune réforme de la condition ouvrière n’est possible ?

Je ne le crois pas, messieurs, et vous ne le croyez pas davantage. Déjà, des progrès ont été accomplis sans produire des répercussions et des incidences si désastreuses. Et souvent l’effroi que causaient les lois, avant qu’elles eussent été votées et appliquées, a été calmé par leurs premiers résultats, et je peux dire par leurs premiers bienfaits.

Voilà les quelques observations que je voulais me permettre de présenter au Sénat. Le Sénat, il serait presque irrévérencieux de ma part de le lui dire avec trop d’insistance, est naturellement entièrement libre. Le Sénat délibère avec une entière liberté. Mais le Sénat est en même temps une