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par l’empâtement, par la surcharge, par une certaine magnificence à l’espagnole qui pouvait inquiéter le lecteur scrupuleux. Si l’on excepte les développements purement abstraits qui restent toujours confus et troubles — car M. Barrès est éloigné de la pensée abstraite, et par son éducation, et par la nature même de son talent — tout ce livre est d’un véritable classique français.

D’autre part, dans les Amitiés françaises, on sentira une finesse, une sincérité d’émotion, qui est peut-être nouvelle dans l’œuvre de M. Barrés. Ce petit livre est tout pénétré d’une tendresse familière qu’aucune déception n’atteint, qu’aucune ironie ne restreint, et que l’auteur exprime comme il l’a éprouvée, c’est-à-dire avec une intime et douce simplicité. C’est le livre d’un père qui s’avance dans la vie en tenant son petit garçon par la main, qui comprend la gravité de son devoir, mais qu’émeut aussi la douceur charmante de son geste. Et ce petit garçon aux yeux bleus, délicat et candide, pose sur les spectacles où l'a conduit l’amitié paternelle un regard si droit et si fin qu’il faut bien se sentir charmé de sa compagnie.

Chez cet enfant souple et loyal, M. Barrès veut cultiver « les amitiés françaises », et il convient de préciser ce qu’il entend exactement par ce terme. L’amitié, c’est l’affinité cultivée. Le mot d’affinité désigne « ces sentiments instinctifs de sym-