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le fou

Asie. L’Art fut prodigue, en ces temps anciens, de ses plus colossales chimères et son implacable beauté servait à multiplier partout les affres de l’idolâtrie. Quand le Christianisme triompha, ce Benjamin du soleil s’enfuit, en barrissant, dans les solitudes.

Et ce fut fini pour des siècles. Il fallut mille ans pour que des adorateurs de la Croix, chemisés d’acier, treillissés et papelonnés de fer, ramenassent avec eux, de Palestine ou d’Égypte, ce farouche captif destiné par la Providence à l’ultérieure dislocation du catholicisme.

On construisit alors des cathédrales. On exfolia les montagnes pour qu’elles résonnassent, aussi bien que les forêts, du « gémissement de l’Esprit-Saint ». On viola les pierres et les métaux pour des parturitions d’effigies célestes ou infernales comme il ne s’en était jamais vu. On chanta des hymnes si belles que notre incroyante génération pleure encore en les écoutant. Un peu plus tard, on se mit