Page:Bloy - Un brelan d'Excommuniés, Savigne, 1889.djvu/56

Cette page a été validée par deux contributeurs.
56
un brelan d’excommuniés

ranciers du monde : je veux dire la haine de l’erreur. Voici, d’ailleurs, la façon peu tolérable dont il s’exprime :

« Quiconque aime la vérité déteste l’erreur. Ceci est aussi près de la naïveté que du paradoxe. Mais cette détestation de l’erreur est la pierre de touche à laquelle se reconnaît l’amour de la vérité. Si vous n’aimez pas la vérité, vous pouvez jusqu’à un certain point dire que vous l’aimez et même le faire croire ; mais soyez sûr qu’en ce cas, vous manquerez d’horreur pour ce qui est faux, et, à ce signe, on reconnaîtra que vous n’aimez pas la vérité. »

Cette haine de l’erreur qui ne vise que les doctrines sans toucher aux personnes est si brûlante qu’elle pénètre profondément son style et le colore de teintes violentes et orageuses, qu’il n’aurait, sans doute, jamais obtenues sans cela.

Sans ce que Joseph de Maistre appelle la colère de l’amour, il n’aurait peut-être été