Page:Bloy - Sueur de sang.djvu/60

Cette page a été validée par deux contributeurs.
56
sueur de sang

Une grande croix piquée dans le sol et formée de deux baliveaux, dominait l’ensemble.

Enfin une masse épaisse de ramées reliait de pavois les troncs des arbres voisins, jonchait la terre aux alentours, et c’était même un effet charmant de tapisserie très ancienne que tous ces feuillages à demi morts de la fin d’automne.

Permission fut accordée au pétitionnaire d’aller requérir, à ses risques et périls, du côté même de la fusillade, le desservant du village le plus rapproché, et une voiture heureusement disponible l’emporta sur-le-champ.

Sa diligence dut être inouïe, car une demi-heure ne s’était pas écoulée qu’on le voyait revenir au triple galop, ramenant cet ecclésiastique. Celui-là était, par faveur du ciel, un prêtre jeune, capable d’expédier sa messe de bataille rapidement et sans balbutier.

Il avait appris avec calme l’aventure de celui qu’il allait remplacer.

— Mon cher enfant, répondit-il simplement au messager, qu’on soit en paix ou en guerre, la Messe est toujours dite en présence de l’ennemi.

On entendait toujours le bruit du combat qui se rapprochait sensiblement. La messe vigoureusement enlevée ne bronchait pas.

Au moment où le célébrant, qui priait d’une