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sueur de sang

Ces enfants pouvaient être à peu près une soixantaine dans le bataillon où l’autorité de quelques maroufles décréta pour eux, dès le premier jour, l’inéquitable désignation de petits crevés.

Le premier instant de stupeur et d’horreur étant passé, ils se jetèrent sur leurs armes en frémissant. On leur avait bien dit le matin même que l’ennemi était proche et c’était précisément parce qu’ils s’attendaient à un combat qu’ils avaient désiré cette messe préliminaire, en imitation des classiques héros commandés par Sobieski. Mais ils croyaient avoir plus de temps et n’ayant vu de la guerre jusqu’à ce jour que le désarroi provincial des enrôlements et des mobilisations, l’arrivée du projectile meurtrier accompagné d’ailleurs d’une fusillade assez vive, leur fit battre violemment le cœur.

Il y avait lieu de croire cependant que ce boulet ne leur était pas exactement destiné, les Prussiens n’ayant aucune raison de soupçonner leur présence dans ce creux de la forêt où ils campaient depuis deux jours, et le combat s’engageait, selon toute probabilité, à trois ou quatre kilomètres en avant, sur la route de Pithiviers. Il devait y avoir là quelques troupes solides en état de résister.

C’est ce que leur expliqua le capitaine en don-