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les 24 oreilles de « gueule-de-bois »

qui lui parurent très suffisants pour l’exécution de son projet, on convint de sortir du camp, aussitôt après l’extinction des derniers feux ; chose facile et même tout à fait normale dans ces corps de volontaires ignorants des lois martiales, divisés parfois en sortes de clans et souvent livrés à la contradictoire fantaisie des chefs.

On se mit donc en marche à travers les bois par une scintillante et glaciale nuit sans lune, les trois hommes ayant très soigneusement bouchonné de paille leurs chaussures pour étouffer le bruit de leurs pas.

Il semblait que la nature entière fût morte de froid. Les arbres festonnés de givre avaient le silence et l’immobilité du cristal. Les ondulations de l’air devaient s’étendre sans obstacle, indéfiniment, et porter au loin le plus léger bruit.

L’ancien braconnier qui se rappelait très bien le chemin parcouru en sens inverse ne s’égara pas une minute et, malgré la prudence méticuleuse de cette marche indienne, on aperçut la maison avant que sonnât le coup de minuit à l’horloge des ducs et des chats-huants.

Les audacieux s’arrêtèrent à cent mètres environ derrière une haie, et il y eut, à voix très basse, une courte délibération. L’unique fenêtre était vivement éclairée et on entendait, avec une étonnante limpidité, des voix allemandes qui éclataient de minute en minute par-dessus de faibles implorations douloureuses.