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plus de vaisseaux en état de tenir la mer, plus de vivres même, plus rien, et le secours des princes chrétiens n’était plus espérable d’aucun côté.

Le bonhomme eut bientôt pris son parti. Il décida de ne pas se rendre, ferma sa porte et se mit à relire tranquillement les Statuts de l’Ordre de Malte.

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Les quarante mille soldats et les cent trente-deux canons du grand-duc de Mecklembourg marchaient sur Nogent-le-Rotrou et Bellême, pour enfermer la gauche de Chanzy, cependant que le prince Frédérick-Charles opérait parallèlement de Vendôme sur Écommoy pour tourner sa droite, à soixante kilomètres de distance — mouvement combiné dont la terrible imprudence, rémunérée d’un succès complet, démontra si cruellement notre misère.

Le vingt fois ignoble commandant du XIIIe corps, celui que nous appelions entre nous le duc Viandard, arrivait en vue du château, environné de ses affables divisionnaires : Schimmelmann, Gersdorff, Stolberg, Prince Albrecht et baron de Rheinbaben, et ce joli monde saturé de victuailles s’abandonnait aux délices d’une conversation pleine d’enjouement.

— Qu’est-ce que cela ? dit Mecklembourg à son chef d’état-major en lui désignant l’habitation du fils des preux.

— Évidemment c’est une ruine, Monseigneur.