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Au pied de ce monument, fastueuse encore mais sans majesté, se voyait la sépulture du Commandeur Nicolas, frère puîné du précédent, et qui s’était fait massacrer superbement à Nicopolis. Le trésor de l’Ordre avait dû payer la rançon de son cadavre.

Et cela continuait ainsi jusqu’au delà du porche. Vingt tombes de moins en moins orgueilleuses, de plus en plus humbles, marquaient la place des Commandeurs, des Baillis ou des simples Chevaliers de cette famille qui n’avait cessé de déchoir à partir du glorieux Tiphaine.

La dernière, à peine désignée par une simple croix de bois plantée dans la terre, était tout à fait au bord du chemin et, quelquefois, les bestiaux du voisinage la piétinaient en passant.

Quelque petit que fût le du Glas actuel, l’unique du Glas qu’il y eût encore à mettre en terre, il ne restait plus assez de place pour lui et c’était là, sans doute, ce qui le déterminait à ne pas mourir, car il ne pouvait se faire à l’idée qu’on déshonorât un jour de sa carcasse le vénérable sépulcre du Grand Prieur.

Un jour, enfin, le vicomte Armor prenant l’air à sa fenêtre, s’aperçut que Soliman venait l’assiéger dans Rhodes. Cette île fameuse n’avait plus de chevaliers, plus de soldats, plus d’artillerie,