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courait après son âme, héroïque peut-être, mais désorbitée, qui vagabondait ordinairement dans les intervalles infinis du ciel étoilé, du ciel cristallin et de l’inimaginable empyrée.

Un de mes amis fut à cette époque le confident de ses pensées. Il grimpait quelquefois chez lui, dans son harnais d’artilleur, ce qui lui valait toujours la même remarque effarée du pauvre bonhomme :

— Tiens ! vous êtes soldat maintenant ? Vous avez donc tiré un mauvais numéro ?

Mais, par discrétion sans doute, il n’insistait pas et, sans s’informer de quoi que ce fût, sortait aussitôt ses principes et ses théories.

L’auditeur a gardé de ces entretiens un souvenir tel qu’il ne croit pas que de pareilles impressions soient effaçables, même au ciel et dans les Cavernes bienheureuses.

Subitement, Pouyadou se manifestait comme le plus extraordinaire métaphysicien de la musique et claironnait de prophétiques démonstrations.

Vaguement informé d’une guerre désastreuse avec l’Allemagne, cet événement n’avait, à ses yeux, qu’une importance musicale — et encore !

— L’Allemagne, criait-il, est une nation d’écoliers malpropres et de formulards. C’est vrai qu’elle a donné Bach et Beethoven qui sont, pour