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fussent évêques, d’autres mots condamnés aux labeurs serviles et des épithètes accoutumées à faire le trottoir.

La vérité, c’est qu’ils sont tous terribles, tous mystérieux, qu’ils ont le pouvoir de se changer en serpents, comme les bâtons de Jannés et de Mambré, sous les yeux du Pharaon, quand le magicien l’ordonne, et que c’est ordinairement le plus méprisé qui doit dévorer les autres.

Ce fut, en 1870, l’étonnante histoire du Mot que j’ai résolu de ne pas écrire.

Ne craignons pas de l’affirmer, il se multiplia, se fit nombreux autant que les flots du grand Déluge. Bientôt il n’y eut plus que lui, et il submergea tout être vivant.

Impossible, aujourd’hui, de prévoir comment on pourra s’en dépêtrer, car tout le monde sent bien qu’on y est toujours et de plus en plus. Que dis-je ? Le Mot est devenu réellement la Chose, ainsi que le veut une inflexible et trop juste loi. Purgamenta et stercora facti sumus, disait l’Apôtre.

Quelques années avant la guerre, Victor Hugo avait été l’émancipateur de ce Vocable jusqu’à lui captif dans les lieux obscurs et méprisé par tous les apôtres littéraires.

La Défaite fut l’occasion, pour la France entière, d’implorer le secours du paria devenu puissant