pliées d’on ne savait quoi, nuits de grand’garde, cieux implacables, famine atroce et certitude acquise désormais que tout cela était parfaitement inutile. Combien de temps encore ? Ô Seigneur !
Il y eut des cas de folie furieuse. À force de donner leur vie par lambeaux dans l’espoir toujours déçu de quelque occasion de mourir honorablement d’un seul coup, quelques-uns en vinrent à se persuader que leurs compagnons d’agonie étaient des Prussiens. Il arriva même que deux ou trois hommes furent assez gravement blessés par ces furieux lamentables qu’on dut enfermer, et cet effroyable délire, un instant, parut contagieux.
Il y eut des tempêtes, des cyclones de désespoir qui renversaient tout. Il y eut enfin des suicides !
On avait été tellement trompé par les hommes et par les choses, on était si fatigué, on souffrait tant d’avoir toujours froid et de ne jamais manger, que la démarcation précise du réel finissait par s’abolir.
On avait, de temps en temps, il est vrai, comme l’impression d’une accalmie pendant le déluge, tout le monde cherchant tout le monde, et des disparus demandant à des isolés de les renseigner sur des introuvables…
Trois mois d’une pareille existence avaient suffi pour faire de cette jeunesse amoureuse du sacri-