Naturellement, les amoureux avaient disparu.
Ces deux êtres vécurent trois semaines environ dans la forêt, de la terrible existence des proscrits, des braconniers à l’affût de l’homme.
Jacques, désormais enragé, parvint à descendre deux ou trois vedettes et fit même présent d’un très bon fusil prussien à sa compagne qui tirait aussi bien que lui.
Une imprudence trop forte lui mit enfin sur les bras une demi-douzaine de cavaliers qui le ramenèrent à Lailly, le jour même où on avait décidé de brûler ce malheureux village. Il fut reconnu pour l’assassin du lieutenant et on lui fit la mort aussi affreuse que possible.
La jeune fille, éloignée de lui au moment de la surprise et qui n’avait pu le secourir, résolut de lui survivre et, se sentant un cœur d’homme, appelant, tirant à soi toute l’âme du défunt, conçut et réalisa le projet de se donner au premier groupe de volontaires qui consentirait à l’incorporer.
Ce fut alors, pendant deux mois, les deux longs mois de la fin, le spectacle le plus surprenant et le plus simple.
Cette fille qui s’était elle-même rasé la tête, n’ayant aucun autre moyen d’exprimer son deuil, qui semblait avoir oublié son sexe et dont tout, jusqu’à la voix, était devenu d’un homme, se con-