de son fiancé enduit de pétrole et brûlé vif dans sa maison de Lailly, village près de Beaugency dont les Bavarois ne laissèrent en novembre que les ruines calcinées.
Histoire des plus simples. Il était arrivé qu’un jour, comme nous donnions la chasse à des uhlans, un coup de feu parti d’un fourré, à cent pas de nous, avait jeté par terre l’un des fuyards que ses camarades, serrés de très près, avaient été forcés, contre leur coutume, d’abandonner à moitié mort.
Aussitôt nous avions vu sortir du taillis un jeune paysan armé d’un fusil qui s’était avancé vers nous.
— Mes compliments, mon brave, lui avait dit le commandant, c’est un coup superbe. Comment t’appelles-tu ?
— Jacques Maillard.
— Tu es du pays ?
— Pas précisément, monsieur l’officier. Je suis de Lailly, canton de Beaugency ?
— Lailly ? N’est-ce pas ce village qu’ils ont brûlé, les bandits ? Nous avons vu ça, il y a quelques jours. Ah ! mon pauvre garçon !
À ce dernier mot, quelque chose de noir avait passé sur le visage de l’inconnu, en même temps que montait du fond de sa gorge un hoquet semblable au commencement d’un sanglot.
— Que fais-tu donc par ici ? avait ajouté le commandant.