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radrap. Le nez avait été emporté, toutes les dents supérieures brisées par un coup superbe du hachoir qui avait élargi la gueule jusqu’aux deux oreilles et l’ensemble faisait penser au billot sanguinolent d’un charcutier.

On était forcé de supposer une intention précise de ne frapper cet homme qu’au visage et on s’étonnait que sur tant de coups d’une arme si redoutable, aucun n’eût été mortel. Il est vrai que le hausse-col bosselé démontrait que le sécateur avait dû s’égarer dangereusement deux ou trois fois, — car le personnage ainsi tailladé n’était rien moins qu’un prestantissime officier du 75e régiment, division de Schimmelmann.

La mission ne déplaisait pas à cette excellente fripouille de caporal Tronche, ajusteur-mécanicien des Amandiers de Ménilmontant, renommé pour la vigueur de ses abatis et généralement connu parmi les Sublimes et les Fils de Dieu sous le sobriquet de Casse-Litron.

Avant la guerre, avant les complications excessives et indébrouillables qui l’avaient déraciné de son Paris pour le jeter aux francs-tireurs du Loiret, il avait connu la gloire.

De la porte Montempoivre à la rue du Pot-au-Lait et du Pont-de-Flandre au Point-du-Jour, il fut célèbre.