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XXIV

A TERRIBLE NIGHT


La pauvre vieille aurait bien voulu pouvoir s’endormir, comme le lui avait conseillé son fils, le matin, quand il était parti pour aller se battre.

C’est facile à dire cela ! Mais quand on a soixante-dix ans bien sonnés, quand on a le cœur crevé de chagrin et qu’on est mangé par l’angoisse dans un lit de paralytique, il faudrait vraiment une bénédiction particulière du Bon Dieu pour obtenir un peu de repos.

On s’était battu, en effet, toute la journée, presque sous ses yeux, à deux ou trois kilomètres tout au plus. Pendant dix heures, elle avait entendu le canon, la fusillade, les cris des blessés qu’on apportait dans le voisinage. Elle avait même aperçu là-bas, au-dessus des vieux peupliers de la