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— Mon commandant, voulez-vous venir à Saint-Calais, cette nuit ? Je connais l’endroit dans tous les coins puisque c’est mon pays. Ils ne doivent pas être plus de trois mille là-dedans. J’ai mon idée. Si on veut m’écouter, je promets qu’on en démolira bien les deux tiers. Nous écoperons peut-être après, mais ce sera toujours moins sale que de rappliquer du côté du Mans.

— Mon garçon, répondit l’officier, tout le monde sait que tu es un brave, mais je pense que tu as bu un coup de trop et tu as l’air d’oublier que c’est moi qui commande le bataillon jusqu’à nouvel ordre.

— Très bien, mon commandant. Mettons que je n’ai rien dit. Et il s’en alla pour ne jamais revenir.

Plusieurs heures après, la nuit étant tout à fait venue, deux paysans en blouse et poussant devant eux quatre ou cinq vaches, marchaient rapidement sur la route de Saint-Calais. C’étaient Léonard et son compagnon.

Celui-ci n’étant qu’un brave homme ne mérite aucun portrait. On l’appelait le Maucot, ancien matelot ressuyé depuis longtemps et devenu franc-tireur. Actuellement hypnotisé jusqu’à la désertion par ce Léonard que ses prouesses militaires, dont il avait été le témoin, lui faisaient paraître