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noncé partout à la fois. On se sent reniflé par le Grand-Duc, par l’éternel Mecklembourg ordinairement rossé quand le choc est un peu sérieux, mais que Frédérick-Charles utilise comme un tampon pour écrabouiller les détachements faibles et sans soutien. Aucune générosité à attendre de cet imbécile féroce. Va-t-il falloir se sauver pleutrement du côté du Mans, se précipiter dans le torrent d’une déroute probable ?…

Et voulez-vous savoir pourquoi on est là ? Pour empêcher les paysans de conduire des animaux à l’ennemi qui est bien forcé de les acheter quand il ne peut pas les prendre encore. Bon commerce, paraît-il. Les Allemands sont pleins d’argent, ainsi qu’il convient à des pirates ou des chauffeurs.

Il faut passer son temps à ramener des vaches ou des cochons et reconduire chez eux, à coups de souliers dans les reins, leurs propriétaires qui, connaissant bien la contrée, recommencent aussitôt, dans une autre direction.

Sans doute il serait agréable d’en fusiller quelques-uns, mais les généraux ne sont pas assez poilus pour sanctionner de pareils actes et les brutes en abusent avec une admirable impudence.

On en est donc venu à cette crise de dégoût, de mélancolie et d’angoisse qui doit finir par livrer au démon du Tohubohu la malheureuse armée de Chanzy.

Ce fut en un tel moment et lorsque enfin venait d’arriver au détachement l’ordre supérieur de se