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manger de la France est précisément aussi dangereux pour des raisons identiques, tirées du même ordre surnaturel, et que je vous engage à méditer profondément…

Vous ne tenez, après tout, que cent mille hommes et un Empereur. Prenez garde ! ce pays peut devenir une fournaise et je vous trouverais à plaindre d’y tomber.

— Nous tâcherons, dit Bismarck, de ne pas broncher. Nous comptons aussi, pourquoi le cacher ? sur la stupeur de la France entière, quand elle se verra vaincue et privée de son chef.

— Son chef ! Il y a longtemps qu’elle n’en a plus. Je suis un fantôme qui souffre ! répondit le dernier des Napoléons, en s’appuyant à la table des deux mains, tandis que redoublait sa pâleur et que son visage se crispait douloureusement.

… Vous demandez beaucoup, messieurs les Allemands, ajouta-t-il d’une voix sans timbre qui paraissait venir de très loin et qui troubla le Menteur… Eh ! bien, je vais vous donner beaucoup plus encore. Vous allez recevoir de moi ce que vous n’oseriez pas demander à votre Dieu… Devenu pauvre et humilié parmi les pauvres et les humiliés, j’ôte de mon front accablé cette Couronne Impériale que le Chef de ma Maison recueillit dans les ossements de Charlemagne, et je la mets sur le front de votre monarque victorieux, afin que l’Europe, demain matin ou demain soir, ne soit pas