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— Il vous faut des garanties matérielles, dit le Captif se levant avec peine, c’est-à-dire, si j’ose comprendre, qu’il vous faut une cession de territoire. Vous m’avez dit, — je crois l’avoir entendu, — que l’honneur de la France n’a pas le droit de se montrer plus exigeant que l’honneur des autres peuples. En cela, monsieur le Comte, vous vous trompez étrangement. L’honneur de la France n’est pas comme l’honneur des autres nations. C’est un honneur tout à fait à part dont vous n’avez aucune idée.

Ce qu’on nomme son Territoire est un héritage très précieux qui ne doit pas être aliéné. Dépossédée de l’une ou de l’autre de ses provinces, la belle France ressemblera, sur toutes les cartes, à une statue brisée qui vous fera peur…

Mon frère Guillaume a prétendu qu’il venait nous châtier de la part de Dieu et vous m’avez fait sentir vous-même gracieusement que telle est votre pensée. Me souvenant d’Attila, je n’eusse jamais osé assumer un pareil rôle.

Cela vous plaît aussi de nommer Paris Babylone. Vieille rhétorique ! Ne craignez-vous pas qu’il ne vous soit demandé compte, un jour, de propos si vains ? On a dit que manger du Pape ne profite jamais à personne et ma dynastie malheureuse en est un exemple. Je me persuade que