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Aujourd’hui que le guet-apens a été dévoilé par la volonté de son auteur, c’est effarant de songer que cet homme couvert du sang de tant d’hommes et qui, seul, voulut cet inexpiable conflit, n’a jamais cessé d’accuser la France de provocation et de perfidie !

Quand les routes empuanties devenaient impraticables à force d’avoir été détrempées dans le sang des morts ; quand les prisonniers expirant de faim, giflés d’outrages, condamnés aux plus vils travaux chez le plus sale peuple du monde, portaient la coulpe et le châtiment de l’Imposteur glorifié ; quand Paris agonisait de désespoir ; quand les Allemands eux-mêmes pourrissaient sur pied autour de la Ville imprenable ; — il y eut, toujours, à Versailles, un effrayant drôle qui s’amusait infiniment, qui s’empiffrait et se débraillait au milieu de ses domestiques, en leur expliquant la duplicité du Gaulois.

Rien ne prévalut contre ce mensonge et je me demande quel pèlerin des gouffres il faudrait pour imaginer seulement le balourd Parjure colloqué dans les ténèbres de sa conscience et face à face avec son Secret.

Mais il est probable que le moribond Empereur, sans savoir ce que tout le monde sait aujourd’hui pénétra quelque peu son adversaire en cette entrevue restée mystérieuse.

J’arrive donc maintenant au point essentiel et ce sont des âmes qui vont parler.