Page:Bloy - Sueur de sang.djvu/242

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Vous êtes bien délicat, monsieur le Chancelier. Pourquoi donc avez-vous quitté ce premier logement ? J’ai toujours entendu dire que nous devions rester à la place que la Providence nous assigne.

Bismarck, n’étant venu que dans le dessein de tromper, a d’excellentes raisons pour ne pas comprendre. Cependant, le persiflage lui a déplu, lancé par un Prince qui est tout à fait par terre.

C’est le Caporal qui se sent atteint, le terrible palefrenier de l’écurie des Automates, dont voici, je crois, l’un des mots les plus remarquables, prononcé à Reims, quinze jours plus tard :

« Le Prince de Hohenzollern m’a très favorablement disposé à son égard, en apprenant, par la voie hiérarchique, à son colonel, son élévation au trône d’Espagne. »

Ce récit ne devant pas être le moins du monde historique au sens documentaire, je passe rapidement sur la conversation assez longue infligée à Napoléon vaincu, dans cette misérable demeure où Bismarck, de plus en plus âpre, lui fit endurer la préparation la plus cruelle aux exigences de son bélître de roi.

Bavardage tortionnaire que l’histoire n’a point à enregistrer. Que pouvait lui répondre sa victime, sinon, en vérité, qu’elle n’avait jamais voulu la guerre ?