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Voici donc ce que je propose. Nous allons, s’il est possible, écarter un instant les blagues et, considérant avec une espèce de sagesse qui nous fera passer pour des insensés, que les épisodes, même les plus authentiques, sont invérifiables, nous refuserons de croire que cet Empereur abattu qui prenait le train des abîmes, se contenta d’échanger simplement une formule contre un protocole, néant pour néant, comme l’a prétendu le Garde des Sceaux de la Calomnie.

Nous supposerons alors deux êtres vivants, à la place des deux fantômes, en nous efforçant d’imaginer ce qui serait sorti de leurs âmes en un tel moment, si leurs âmes impérissables avaient éclaté.

Mais, d’abord, que pensez-vous du tisserand, de ce choix d’une maison de tisserand pour un tête-à-tête aussi extraordinaire ?

Car, enfin, s’il est vrai qu’il n’y a point de hasard comme l’ont crié depuis six mille ans, toutes les bouches des clairons des cieux, il fallait donc bien que cette demeure eût été élue et prédestinée pour engloutir le secret de la plus étonnante Aumône qu’on ait jamais faite.

Je ne me charge certes pas d’expliquer la circonstance du lieu. Mais, en y songeant, il me semble que des tentures sublimes et de miraculeuses tapisseries où la gloire ancienne de la France est représentée m’environnent et se déroulent en tombant des corniches de la tempête, avec des frissons sonores…