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aussitôt publiée par quelques journaux français. N’ayant pas sous la main leur traduction, j’offre la mienne, aussi littérale que possible, élaborée, je vous prie de le croire, sans enthousiasme, car Bismarck n’est pas précisément un écrivain.

« … Hier matin, à cinq heures, après avoir traité jusqu’à une heure, avec Moltke et le général français de la capitulation définitive, le général Reille que je connais me réveilla pour me dire que Napoléon désirait me parler. Je montai à cheval, et me rendis, sans m’être débarbouillé et sans avoir déjeuné, à Sedan. Je trouvai l’Empereur dans une voiture ouverte, avec trois aides de camp et trois autres à cheval sur la grand’route devant Sedan. Je descendis, le saluai aussi poliment qu’aux Tuileries et demandai quels étaient ses ordres. Il désirait voir le roi. Je lui dis, conformément à la vérité, que Sa Majesté était cantonnée à trois lieues de là, à l’endroit même où j’écris en ce moment. Napoléon m’ayant demandé où il devait se rendre, je lui offris, ne connaissant pas la contrée, de rester à Donchery où je cantonnais moi-même, un petit endroit près de Sedan. Il accepta et se mit en route avec ses six Français, guidé par moi et Charles (Bismarck-Bolen), qui était venu me rejoindre dans la direction de notre cantonnement, par la matinée solitaire (textuel). Sur le point d’arriver, il commença à s’ennuyer à cause de la foule qu’il craignait de rencontrer et me demanda s’il ne pouvait point entrer dans une