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nace de l’incendie, car c’est le propre des animaux d’être surtout épouvantés par le feu.

En l’absence de preuves aussi éclatantes que les Douze Portes de Lumière, nos chefs les plus énergiques n’osaient sévir contre des gens qui se réclamaient de la qualité de Français et se disaient écrasés, foulés aux pieds comme de la vermine, par les deux armées.

Je me souviens qu’un jour l’un d’eux protestant, avec sanglots, de son innocence et jurant par tout ce qu’il pouvait invoquer de plus saint qu’aucun Prussien n’avait été aperçu dans les environs, une demi-douzaine de Saxons qu’on ne put atteindre furent signalés tout à coup. Ces rôdeurs venaient évidemment de passer la nuit chez cet homme qu’on aurait dû clouer à son propre seuil comme un oiseau de malédiction et que notre commandant se contenta de souffleter.

Il y en eut un plus habile, une espèce de naufrageur qui, utilisant ses deux filles et sa grosse femme, attirait chez lui des soldats que les Bavarois fusillaient instantanément…

Ces anecdotes sont infinies, et je me suis dit souvent qu’il manquait à l’histoire de cette époque une bien édifiante monographie documentée du paysan français.