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leurs armées, une honte qui ne s’était pas vue depuis le Bas-Empire, que ces régiments badois ou bavarois armés de bidons et de pinceaux à pétrole destinés à l’incendie des maisons ou des clôtures…

Leçon profitable qui ne fut pas vaine pour les joyeux fédérés de 1871.

Quoi qu’il en soit, le malheureux village de Saint-Privat put être aisément pillé, toute la nuit, à la clarté blanche de cette effrayante lampe de douleur.

La Salamandre, ainsi dénommé parce qu’il avait pu se dérober à une agonie dont l’horreur bafoue l’imagination, était parvenu à se réfugier dans une sorte de caveau où l’enfer le poursuivit sous l’espèce atroce de liquides ardents — huile minérale ou cambouis humain, il ne pouvait le dire — et dans les ténèbres d’En Bas, lui conditionna son phantasmatique visage.

Quelque durement écloppé qu’il fût, quatre mois ne s’étaient pas écoulés que cet homme, dont la mort évidemment ne voulait à aucune espèce de prix, se trouvait parmi nous en qualité de volontaire. Il valait, ma foi ! autant que n’importe qui, surtout dans les attaques nocturnes, où le surgissement de son visage de démon répandit souvent la terreur.