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même de la désolante bataille de Frœschwiller.

Par un raffinement très prussien et que Bismarck eût applaudi, on l’avait attaché au pied du lit. Châtiment du crime énorme d’avoir parlé sans respect à l’un de ces bandits. Il avait pu vivre avec cela dans le cœur !…

Douze jours plus tard, à Saint-Privat, il se battit plusieurs heures comme un déchaîné et dut être pour quelque chose dans l’immense cri de douleur qui s’éleva du fond de l’Allemagne, quand elle vit refluer l’interminable coulée du sang de ses morts.

Frappé d’une balle quelques instants avant la fin de ce jour terrible, et jeté à la volée dans l’église où s’entassaient les blessés français, il eut ce destin d’être l’un des miraculeux survivants de la catastrophe sans nom que les historiens militaires ont eu peur de raconter et dont il faudra qu’un jour tout un peuple réponde, quand viendra la sacrée Justice.

La retraite précipitée du Maréchal n’ayant pas permis qu’on évacuât cette ambulance provisoire, les trois ou quatre cents pauvres diables abandonnés à la clémence du vainqueur furent condamnés à être brûlés vivants par l’horrible crétin bâtard Steinmetz, qui voulut ainsi se venger sur eux, à l’avance, du coup de botte royal que devait lui rapporter infailliblement le sot gaspillage de ses propres troupes.

Je ne sais s’il est plus facile de se représenter que de décrire une telle horreur. Notre Salamandre,