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toute grandeur, mais étrangement démonstratives de la lourde puérilité de ce peuple allemand que la trique de tous ses maîtres et le bavardage de tous ses pédants ne put jamais assouplir.

Les esclaves de la Prusse, mécaniquement disciplinés, apportèrent en France, dans le bagage de leurs pousse-culs, la plus séculaire moisissure de leurs origines.

Combien de fois nous demandâmes-nous en vain comment il se pouvait que des uhlans, évidemment tués ou très gravement atteints par nos tireurs et qu’on suivait à la traînée du sang, restassent en selle et disparussent ?

Les uns prétendaient qu’ils y étaient attachés, les autres que leurs camarades les emportaient. Ce qui est certain, c’est que ces sauvages avaient le pouvoir inexplicable de nous soustraire leurs morts et leurs blessés. Des courroies étaient adaptées à leurs selles, nous supposions qu’elles servaient à fixer le cavalier, et cependant si le cheval tombait, l’homme était à l’instant libre. Je me rappelle que ces décevantes et compliquées étrivières furent appelées, un moment, la question prussienne.

On a dit qu’ils brûlaient leurs morts. Je ne l’ai pas vu et je doute qu’en aucun moment de la guerre, ces brutes odieuses qui brûlaient si bien nos blessés et nos vieillards aient eu le loisir ou le moyen de vaquer, pour eux-mêmes, à d’aussi teutonnes pratiques.