Page:Bloy - Sueur de sang.djvu/199

Cette page a été validée par deux contributeurs.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

XIX

CELUI
QUI NE VOULAIT RIEN SAVOIR


J’ai connu un brave homme qui ne s’est pas une seule fois dessaoûlé pendant la guerre, c’est-à-dire du mois d’août au mois de janvier, et qui fut tué dans un des derniers combats, sans avoir pu rattraper son équilibre.

Son nom était quelque chose comme Latour ou Dufour, mais on ne le désignait jamais que par son prénom de Bertrand, meilleur pour la vocifération et que le vieux drôle feignait habituellement de ne pas entendre.

Il était pour la tradition, celui-là ! Rien n’aurait pu lui ôter cette idée que la soif est la compagne du soldat et qu’il n’y a pas de bon troupier dans les sociétés de tempérance.

Depuis trente ans qu’il festonnait dans tous les