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Erbswurst (saucisse aux petits pois) — Paris.

Le Chef aimait les œufs durs, parce que ça fait boire, « mais il ne pouvait plus en manger que trois de suite. Autrefois, il pouvait en avaler onze ».

Néanmoins, grâce à Dieu, les gueuletons ne chôment pas. On en jouit d’autant mieux que les Parisiens sont en train de crever de faim.

L’essuyeur de plumes nous a fort heureusement conservé le menu du 23 décembre « afin, dit-il, de donner une idée de la manière dont la table de son patron était servie à Versailles » : Soupe à l’oignon — vin de Porto. Filet de sanglier, — bière de la compagnie de Tivoli. Ragoût braisé à l’irlandaise, dinde rôtie aux marrons — champagne et vins rouges à volonté. Enfin, dessert magnifique.

Le même jour, le général de Voigts-Rhetz ayant trouvé quelque résistance devant Tours, avait fait jeter des obus sur la ville, et ce fut en triturant la dinde que Bismarck exprima cette opinion magnanime :

— On a eu tort de cesser de tirer aussitôt que le drapeau blanc a été arboré, moi j’aurais continué à faire pleuvoir les obus sur ces gens-là, jusqu’à ce qu’ils m’eussent envoyé quatre cents otages.

Cet homme doux passait sa vie à déplorer qu’on ne fusillât pas tous les prisonniers au lieu de les nourrir, et n’arrivait pas à prendre son parti qu’après la bataille de Sedan on eût été assez bête-