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Impossible de dénicher un semblant d’idée en vingt mille lignes. La seule chose vraiment originale qu’on y puisse découvrir, c’est la surprenante laideur d’âme du grand homme.

Il est incontestable que ce genre de laideur ne fut jamais rare, mais dans le cas de Bismarck, la mesure ordinaire est fort dépassée. Il y a en lui une combinaison de goinfre, de goujat et de sanguinaire cafard qui déconcerte.

— Si on me donne beaucoup de besogne, disait-il, il faut qu’on me nourrisse bien. Je ne puis conclure une paix convenable si l’on ne me donne à manger et à boire convenablement. Cela fait partie de mon métier.

Aveu tellement sincère que la mangeaille, en effet, revient à tout propos dans cette histoire. On n’entend parler chez cet homme que d’oies grasses, de pâtés, « de nobles saucisses », de gibier, de vins capiteux et de liqueurs fines. Toutes ces bonnes choses, naturellement, aussi peu payées que possible. « Souvent, dit l’auteur, avec désespoir, on ne sait plus où mettre ces paniers, ces bouteilles, ces tonneaux, etc. »

Le mastic est à ce point la constante préoccupation que les mots d’ordre eux-mêmes sont évocateurs de ripaille allemande. Exemple, 13 novembre : Fressbeutel (goinfre) — Berlin. La veille :