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On devine les profitables conseils que pouvait donner à des imbéciles déjà féroces un tel homme investi de pouvoirs occultes, et que les princes même saluaient avec respect.

— Les Allemands sont les justiciers de Dieu ! déclara-t-il un jour, en entrant de force chez un malheureux curé de campagne qui crut voir le diable.

Ce curé, peu habitué à de telles allures de controverse, leva les yeux et les mains au ciel comme pour le prendre à témoin de la démence du visiteur.

Il n’en fallait pas tant pour exaspérer le frénétique.

— Vous êtes sans doute un chien muet, cria-t-il, puisque vous ne répondez pas quand je vous fais l’honneur de vous parler. Ah ! je vous connais bien, traître pasteur, vous êtes comme tous les autres prêtres français, ministres de perdition et de désobéissance, incapables de fumer seulement un bon cigare et foulant aux pieds les défenses et les mots d’ordre les plus redoutables de la Curie et de l’Église Romaine, formalistes à l’excès pour des choses de rien et ne craignant pas d’affronter le pouvoir absolu des Papes. Vous êtes bien les disciples de Bossuet et de Pascal…

Le bonhomme, qui ne s’était jamais cru si rebelle, ne trouva que ceci :