Page:Bloy - Sueur de sang.djvu/180

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ment croustilleuse des chastes dames diaconesses qui roulaient par les hôpitaux dans le troussequin des pasteurs, pour la terrification des damnés qui n’étaient pas de langue allemande.

Les catholiques, néanmoins, furent très nombreux parmi les envahisseurs. Bavarois, Westphaliens, Rhénans, Thuringiens ou Polonais demandaient la messe pour se saoûler du corps du Christ avant d’aller à l’abattoir, et le Moine qui fait l’objet de la présente méditation était bien le moine le plus romain qu’il soit possible d’imaginer.

Il était dominicain — naturellement — comme tous les moines ignobles, ambulants et cosmopolites, et vivait avec les officiers supérieurs d’un corps de Poméraniens.

On le voyait sur les routes et dans les rues, fumer d’énormes cigares en contant des histoires salées pour la plus grande joie des majors et des Obersten de toute arme. Le général von M…, calviniste en diable et prussien sur l’Oder, lui témoignait un respect sans bornes.

Il recevait de fréquents messages de Versailles apportés par un uhlan des plus fiers. Son Excellence le Comtissime de Bismarck, Chancelier de la Confédération de l’Allemagne du Nord, arbitre souverain des destinées de l’Europe, ne dédaignait