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avez cessé de me plaire et je vous chasse comme un domestique.

Le bonhomme suffoqué ne répondit pas.

— Oui, monsieur, cria-t-elle tout à coup d’une voix violente, je vous chasse comme un valet infidèle qui trahit la confiance de ses maîtres. Souvenez-vous, misérable, que vous fûtes reçu par pitié dans ma maison… Vous venez de Nogent, n’est-ce pas ?… Mais répondez donc, vieux bandit…

Elle était sans doute hors d’elle-même, désorbitée comme ces planètes qui vont se cogner à tous les carreaux du ciel avant de tomber en pluie d’étoiles sur la terre… car elle frappa le vieillard au visage de son poing fermé.

Celui-ci, étant mort, roula par terre.

Alors, sans colère, sans frémissement, presque suave, l’un des officiers s’approchant de la dame atroce, lui dit en allemand :

— Mon petit cœur, vous vous êtes un peu trop trahie. La mort de ce vieux homme achève de nous éclairer. Nous avons la preuve maintenant que c’est vous qui avez renseigné M. Trochu. Car vous avez deux visages… Mais vos yeux sont toujours les mêmes et ils ont cessé de nous plaire

Préparez-vous donc, s’il vous plaît, à être fusillée dans une demi-heure. Chacun son tour. Dass ist Krieg !