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L’infortuné ne comprenait pas que tous les combustibles de la terre n’eussent pu rendre habitable un lieu sinistre où les yeux de cette femme avaient passé…

Naturellement, pendant toute la durée de l’occupation prussienne, la propriété entière, maison principale et pavillon, fut remplie d’Allemands. Seulement la première était habitée par des officiers à peu près courtois que Mme Frémyr traitait avec distinction, les comblant des petits soins les plus délicats, et le second était abandonné à la crapule militaire.

On devine ce que dut être l’existence du malheureux Joannis et ce qu’il eut à souffrir de l’insolence et de l’avidité des porcs saxons.

Il payait, sans le savoir, pour sa bienfaitrice.

Le génie de la race allemande étant toujours l’oppression du faible, il fallait bien qu’un pauvre être fût torturé à la place de cette araignée des mauvaises toiles, retirée dans le souterrain de ses influences ténébreuses et barricadée d’une porte d’or.

Même sans cela, il eût assez souffert, le doux bonhomme. Le spectacle de la patrie mangée vive le faisait mourir de désespoir.

Un jour, il cessa d’être lui-même. Le 1er décembre, on le vit arriver au quartier général de Du-