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Ils entreprirent de l’en empêcher. Mais la vue des dents et des poings serrés de l’idiot et surtout l’effrayant regard d’indignation lancé par un officier au visage couvert de sang, qu’ils tentaient de lui arracher, les fit reculer.

Ce fut en cet instant solennel que la lumière visita Me Desboudins, ex-notaire et le plus grand homme de l’endroit depuis que le curé avait décampé avec les paysans.

Il ouvrit ce simple avis que les Prussiens seraient infailliblement désarmés par la présence de leurs malades entourés des plus tendres soins dans chaque maison respectable, que le drapeau de Genève arboré franchement, pour eux seuls, les toucherait sûrement, et qu’en conséquence, il n’y avait pas une seconde à perdre pour improviser de domiciliaires ambulances où seraient recueillis avec amour les blessés allemands, à l’exclusion rigoureuse des blessés français.

Inutile d’ajouter qu’un si noble conseil fut aussitôt adopté avec des acclamations.

Arrivée des Prussiens, retour de la chasse. Il ne faudrait pas trop compter sur leur douceur. — Fleisch ! Vine ! Côgnac ! Bien mangir ! bien couchir ! bien abreuvir ! La danse des bourgeois commence.

On ne brûlera pas leurs maisons, puisqu’il y