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un épouvantable huissier

Les Prussiens décampèrent à huit heures du matin, laissant leurs crottes, quelques maisons incendiées et brûlant encore, quelques habitants discourtois estropiés ou massacrés, soixante-dix-sept femmes ou filles excessivement violées, et l’annonce délicieuse d’une seconde multitude qui n’attendait que leur départ pour les remplacer.

Il y avait alors dans la ville un huissier fameux répondant au nom d’Ovide Parfait. Cet officier ministériel, enrichi par de longues et inexpiables déprédations, avait été forcé de loger et de remplir toute la nuit quarante hommes et trente chevaux.

On l’avait attaché lui-même, plusieurs heures, dans l’écurie, pendant que sa vieille compagne d’iniquité — laide pourtant à épouvanter les boucs et les talamasques — subissait les derniers outrages et les charges multipliées de chacun de ses garnisaires dont la turpitude s’exalta jusqu’à inviter des camarades.

L’excès même de la rage du praticien dont la jalousie célèbre était une des curiosités du pays, le préserva de la mort sans gloire que ses imprécations forcenées eussent dû infailliblement lui attirer. Les soldats s’en amusèrent tant qu’ils purent et ce fut dans sa maison que se dilata le mieux la rate allemande.