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un épouvantable huissier

vables, il n’est pas absolument impossible qu’on lui arrache la peau de la tête ou qu’on lui donne un lavement d’huile bouillante.

La danse du corps municipal commence aussitôt après. Un officier supérieur exécute la sonate pathétique des réquisitions ou contributions.

Tel est l’ordre banal observé pour la mise à sac de la malheureuse petite ville envahie le 25 novembre.

Trois mille kilos de viande, trois mille kilos de pain, trois mille kilos de café, mille litres d’eau-de-vie, cinq mille kilos d’avoine et quatre cents mètres de drap, sans préjudice de sept cents paires de chaussures. Il s’agit de s’exécuter comme on pourra. Ce qui ne peut être fourni dans les vingt-quatre heures est évalué en argent, et le conseil municipal dont les plus misérables chiens n’envieraient pas le décor, doit quêter par toute la ville, escorté d’une persuasive crapule armée jusqu’aux dents.

On devine ce que peut être le destin des boulangers, des bouchers, des épiciers et autres vendeurs de mangeaille.

Pour ce qui est des habitants, chacun, pauvre ou riche, est tenu de loger et de nourrir, dix, vingt et jusqu’à cinquante de ces arsouilles. Ils s’installent partout de la cave au faîte.

Beurre, pommes de terre, café, chocolat, sucre, vin, eau-de-vie, volailles, lapins et chats, tout leur est bon, rafle complète. L’Allemagne s’empiffre à crever.