Page:Bloy - Les Dernières Colonnes de l’Église, Mercure de France, 1903.djvu/56

Cette page a été validée par deux contributeurs.
50
les dernières colonnes de l’église

Meaux et je médisais que cette pierre serait usée par les genoux des pèlerins, si celui dont elle recouvre la poussière avait pu être le saint Ambroise ou le saint Thomas de Cantorbéry que les contemporains espérèrent.

Au lieu de cela, silence et banalité. Le bon chanoine qui me servait de guide n’eut rien à me dire, sinon qu’il valait mieux ne se souvenir de rien. Il avait raison, je pense, mais, tout de même, une telle absence de gloire sur les restes d’un homme dont le nom fracasse l’imagination, c’est d’une tristesse trop étrange et, vraiment, le culte — quelque canin ou chevalin qu’on le suppose — d’un Brunetière ne suffit pas.

Il suffit, cependant, à l’Académie Française à qui tout suffit et que tout contente, excepté la grandeur intellectuelle, et qui élira des juments, quand elle aura épuisé ses Rostand, ses Bourget ou ses Hanotaux.

C’est, en effet, l’admiration sans entrailles de Brunetière pour « l’aigle de Meaux » qui l’a précipité à l’Académie. On n’avait jamais vu un