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les dernières colonnes de l’église

trois indigents effroyables et saboulés du mépris du monde, qui implorent la charité des chrétiens aux seuils des chapelles.

Il y a le Père dont la douleur silencieuse intimide les constellations, et il y a le Fils, toujours couvert de blessures, que ses plaies saignantes empêchent de cheminer, mais qui va, quand même, les bras étendus sur son porteur, lequel est l’ineffable Troisième, dont la face est si invisible et dont les gémissements perpétuels ont l’air de sortir du fond des abîmes.

Faut-il-voir en ces malheureux le Dieu très-puissant qui confabulait avec les Prophètes et les Patriarches en leur faisant épeler sa gloire ?

Assurément, la moderne Église ne le pense pas. Ce qu’elle possède encore d’attendrissement ou d’entrailles appartient à des calamiteux d’un aspect plus divertissant, et lorsque ces terrifiques Agonisants de l’Éternité, dont les tremblotantes mains ont pesé les nébuleuses, passent dans les vents et les déluges au niveau de ses pieds d’argile, — tout ce qu’elle peut faire,