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satisfaire. L’aumônier donne les autres, c’est-à-dire ce qui appartient aux autres, son superflu. Le charitable se donne lui-même en donnant son nécessaire et, par là, le désir du pauvre est éteint. C’est l’Évangile et il n’y en a pas d’autre. Jésus qui a donné sa Chair et son Sang a promis à ses Apôtres qu’ils seront les juges de la terre. L’apôtre Judas qui a rendu l’argent sera donc le juge de ceux qui crèvent sans le rendre. La locution crever et même « crever par le ventre » doit avoir son origine dans la mort du Traître et convient admirablement à la mort des riches.

On veut, à toute force, que l’Évangile ait parlé d’un mauvais riche, comme s’il pouvait y en avoir de bons. Le texte est pourtant bien clair : homo dives « un riche », sans épithète. Il serait temps de discréditer ce pléonasme qui ne tend à rien moins qu’à dénaturer, au profit des mangeurs de pauvres, l’enseignement évangélique.

Un mauvais riche, si on tient à rapprocher ces deux mots, est comme un mauvais fonctionnaire ou un mauvais ouvrier, c’est-à-dire