Page:Bloy - Le Sang du pauvre, Stock, 1932.djvu/69

Cette page a été validée par deux contributeurs.

à sa vie matérielle et spirituelle est un millionnaire, par conséquent un débiteur de ceux qui ne possèdent rien.

Nul n’a droit au superflu, excepté le Fils de Dieu incarné. Celui-là fut privilégié au delà de tout ce qui peut être dit ou imaginé, au point que son privilège n’a pu être connu que par révélation. « Le nombre des coups de fouet que reçut le Sauveur, depuis les pieds jusqu’à la tête », dit la célèbre voyante d’Agreda, « fut de 5115 » ! Quelques autres ont été plus loin. Or, la terrible flagellation romaine, telle qu’on l’appliquait en Judée, ne devait pas dépasser 39, quadragenas una minus. Tel était le Désir exorbitant du Roi des pauvres, son superflu ! On ne sait rien du chiffre des soufflets, des coups de poing et des crachats, mais il est présumable qu’il dut être en proportion.

Le désir de l’homme, c’est l’homme lui-même et le désir de l’Homme-Dieu était naturellement de satisfaire pour tous les hommes, à quelque prix que fut le miracle. De ce point de vue le désir du riche devrait être, au moins, son nécessaire des souffrances du pauvre, et celui du