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tion étant démentie, à l’instant même où il la profère, par chacun de ses actes, par les travaux et les tourments infinis auxquels il se condamne volontiers pour l’acquisition ou la conservation de cet argent qui n’est que la figure visible du Sang du Christ circulant dans tous ses membres.

Loin de l’aimer pour les jouissances matérielles dont il se prive, il l’adore en esprit et en vérité, comme les Saints adorent le Dieu qui leur fait un devoir de la pénitence et une gloire du martyre. Il l’adore pour ceux qui ne l’adorent pas, il souffre à la place de ceux qui ne veulent pas souffrir pour l’argent. Les avares sont des mystiques ! Tout ce qu’ils font est en vue de plaire à un invisible Dieu dont le simulacre visible et si laborieusement recherché les abreuve de tortures et d’ignominies.

La lettre de change, le billet à ordre, inventé, dit-on, par les Juifs du Moyen-Âge, mais dont l’origine est beaucoup plus ancienne, puisqu’il remonte pour le moins au « chirographe » de Tobie, représente la double contrition de