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le poète des prolétaires. Il l’est plus que personne, parce qu’il est Juif et que le Juif est essentiellement prolétaire. Mais le prolétariat — comme les larmes — est de tous les peuples et de tous les temps. Seulement les larmes juives sont les plus lourdes. Elles ont le poids de beaucoup de siècles. Celles de ce poète ont été généreusement versées sur un grand nombre de malheureux qui n’étaient pas de sa Race et les voici maintenant, ces larmes précieuses, dans la balance du Juge des douleurs humaines qui ne fait pas plus acception des peuples que des personnes.

Quand le Père voudra que l’Aîné reprenne sa place, j’imagine que la nuit la plus splendide éclairera le festin, le doux croissant de la lune marquant la place du Saint Sépulcre et les larmes de tous les pauvres brillant indistinctement, inimaginablement, au fond des cieux !