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germains, puisque je mis, comme eux, catholique et forcé d’obéir au même Pasteur, lequel est, sans doute, un Fils prodigue ; mais le moyen de ne pas bondir, de ne pas pousser d’effroyables cris ?…

Je vis, ou, pour mieux dire, je subsiste douloureusement et miraculeusement ici, en Danemark, sans moyen de fuir, parmi des protestants incurables qu’aucune lumière n’a visités depuis bientôt quatre cents ans que leur nation s’est levée en masse et sans hésiter une seconde à la voix d’un sale moine, pour renier Jésus-Christ. L’affaiblissement de la raison, chez ces pauvres êtres, est un des prodiges les plus effrayants de la Justice. Pour ce qui est de leur ignorance, elle passe tout ce qu’on peut imaginer. Ils en sont à ne pouvoir former une idée générale et à vivre exclusivement sur des lieux communs séculaires qu’ils lèguent à leurs enfants comme des nouveautés. Des ténèbres sur des sépulcres.

Mais les catholiques ! Des créatures grandies, élevées dans la Lumière ! informées à chaque instant de leur effrayant état de privilégiées ;