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semble qu’on soit inoculé à jamais, comme Philoctète.

Cette horreur appartient au XIXe siècle. À d’autres époques, on apostasiait bravement. On était ingénument et résolument un renégat. On recevait le Corps du Christ, puis, sans barguigner, on allait le vendre, comme on aurait été secourir un pauvre. Cela se faisait, en somme, gentiment, et on était des Judas à la bonne franquette. Aujourd’hui, c’est autre chose.

Je n’ai cessé de l’écrire depuis vingt ans. Jamais il n’y eut rien d’aussi odieux, d’aussi complètement exécrable que le monde catholique contemporain — au moins en France et en Belgique — et je renonce à me demander ce qui pourrait plus sûrement appeler le Feu du Ciel…

Je déclare, au nom d’un très-petit groupe d’individus aimant Dieu et décidés à mourir pour lui, quand il le faudra, que le spectacle des catholiques modernes est une tentation au dessus de nos forces.

Pour ce qui est des miennes, j’avoue qu’elles ont fort diminué… Je veux bien que ces… gens-là soient mes frères ou du moins mes cousins