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font couler, ils ne veulent pas les voir, les sanglots profonds ou les cris de désespoir causés par leur avarice, ils ne veulent pas les entendre. Si les hommes deviennent des voleurs ou des meurtriers, si les femmes se prostituent et prostituent leurs enfants, toutes ces choses leur sont étrangères et ne doivent pas, le moins du monde, altérer leur sérénité, pourvu que l’argent des termes soit exactement recueilli. La pratique des sacrements, chez quelques-uns, ne sert qu’à les endurcir un peu plus, en étayant — des colonnes granitiques d’une immunité d’en haut — leur égoïsme de cannibales. Il existe des associations ou confréries paroissiales de « propriétaires chrétiens ». Ils se préparent ainsi a eux-mêmes des demeures futures et permanentes où nul ne sera tenté de les suivre. Que Dieu ait pitié des infortunés qui vivront sous leurs toits !

Le propriétaire moderne est une entité bizarre dont l’habitude seule empêche de voir la réelle monstruosité. Né d’une fiction légale, essentiellement surnuméraire et parasitaire, mais invocateur constant des hauts principes