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changé depuis quatre siècles. L’unique différence — fort appréciable, il est vrai — c’est qu’à l’époque précise de la découverte du Nouveau Monde, il y eut un homme, grand comme les Anges, immolé par la multitude des canailles et qu’aussitôt après lui, il n’y a plus eu que des canailles.

Ah ! l’évangélisation des sauvages, la dilatation et l’accroissement en eux de l’Église, choses voulues si passionnément par le Christophore, que nous en sommes loin ! Pas même un semblant d’équité rudimentaire, pas un tressaillement de pitié seulement humaine pour ces malheureux. C’est à trembler de la tête aux pieds de se dire que les belles races américaines, du Chili au nord du Mexique, représentées par plusieurs dizaines de millions d’Indiens, ont été entièrement exterminées, en moins d’un siècle, par leurs conquérants d’Espagne. Ça c’est l’idéal qui ne pourra jamais être imité, même par l’Angleterre, si colonisatrice pourtant.

Il y a des moments où ce qui se passe est à faire vomir les volcans. On l’a vu, à la Marti-