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On se pare de la dépouille du pauvre et on s’amuse avec fracas pour lui venir en aide, quand il est aux trois quarts détruit par un cataclysme. On récolte ainsi de l’argent dont les misérables entendent parler sans jamais le voir venir. Car il faut compter avec les intermédiaires crochus presque sans nombre qui se multiplient, au cours des voyages, comme les requins dans le sillage d’un navire où il y a des agonisants. Il faut compter aussi avec les fournisseurs pour sinistrés dont les entrepôts de vivres en putréfaction ressemblent aux boutiques des épaveurs ou fanfrelucheurs de la mort sur les chemins des cimetières.

Les tremblements de terre, les incendies ou les cyclones font aller le commerce, pour ne rien dire des guerres ou massacres asiatiques ou européens qui l’accélèrent encore. Les affaires étant les affaires, la spéculation s’y ingénie. On sait, par exemple, qu’il est au pouvoir de tel groupe honorable d’accapareurs britanniques ou américains de décréter une famine profitable en un point déterminé du planisphère. Dans l’hiver de 97 à 98, un spéculateur améri-