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LE RÉVÉLATEUR DU GLOBE

bras ouverts, appelant et attendant[1] ». Mais il faut que le Postulateur soit aidé par tous les catholiques et il est triste à penser que, jusqu’à présent, il s’est vu presque seul. Les sympathies ecclésiastiques, à commencer par la plus auguste, ne lui ont certes pas manqué ; mais le monde, le vaste monde laïque n’a pas beaucoup palpité jusqu’à cette heure.

Dans ces dernières années, le Comte Roselly de Lorgues craignant de ne pas vivre assez longtemps pour chanter le Nunc dimittis de la victoire et ne voulant pas que cette grande pensée mourût avec lui, se détermina à choisir un vice-postulateur pour continuer son œuvre quand il ne serait plus. L’élection était difflcile et d’une grave conséquence. Il fallait un homme d’un esprit très sûr et d’une patiente ferveur, que ni les contradictions du monde ni les interminables délais de la Cour de Rome ne fussent capables de rebuter. Il jeta enfin les yeux et fixa son choix sur un compatriote du grand homme, M. Joseph Baldi, le premier Génois qui ait écrit en catholique sur Christophe Colomb. Issu d’une ancienne famille transplantée à Gênes au commencement du xviie siècle, appelé par son opulent commerce de pierreries à parcourir les mers, ayant passé plusieurs fois de l’Atlantique dans le grand Océan, il put, avec le Psalmiste, admirer les transports de la mer, mirabiles elationes maris. Pendant un de ses voyages, comme il revenait en Europe, doublant le terrible cap Horn, son navire fut assailli de la plus effroyable tem-

  1. La question des Lieux Saints, l’une des plus ardentes préoccupations de l’Amiral. — « El otro negocio famosisimo esta con los « brazos abiertos llamando : extrangero ha sido fasta hora. » — Lettre aux Rois Catholiques, datée de la Jamaïque, le 7 juillet 1503.